“Partager un repas avec quelqu’un est un acte intime qui ne devrait pas être pris à la légère.”
Liam sourit doucement en mettant les pieds dans son grand bureau. Comme à tous les matins, café à la main, il se dirigea vers la fenêtre afin de profiter de la magnifique vue que lui offrait le bâtiment dans lequel il se trouvait. Mais comme à tous les matins, les pas rapides de l’une de ses assistantes se firent entendre.
« Monsieur Anderson. Il y a Madame Weiss sur la trois qui désire vous parler de toute urgence au sujet de sa campagne de promotion. » L’homme cligna plusieurs fois des yeux avant de sourire à son assistante sans remarquer que les joues de cette dernière rougies légèrement.
« Bon matin à vous Kathy, je m’occupe de Madame Weiss, détendez-vous. » répondit-il d’une voix douce. Il connaissait cette cliente et il savait qu’elle avait cette habitude de stresser les employés de la boîte. Elle était très exigeante et plutôt intimidante. Liam de nature observateur avait remarqué que Kathy était très nerveuse et craignait que son patron lui demande de prendre l’appel. Il y a des matins où Liam aurait été dans l’obligation de lui refiler le boulot, mais là, il était disposé à retirer cette pression des épaules de son assistante.
« Vous êtes sûr ? » Anderson posa son café sur son bureau et il hocha doucement la tête.
« C’est vendredi. » Sa réponse favorite. Tout était permis le vendredi après tout, non ? La jeune femme lui sourit timidement avant de le remercier et de quitter le bureau. Liam se dirigea vers sa chaise avant de décrocher :
« Bonjour Madame Weiss ! Que puis-je pour vous en cette magnifique journée ? » Une voix posée avec un grain de joie afin de bien faire comprendre à son interlocutrice qu’il était ouvert à la discussion et que cette dernière pouvait se faire dans une ambiance détendue. Lever le ton ne fonctionnait pas avec lui. Liam n’avait jamais été impressionné par ça et c’est bien pour cela que son Père lui faisait confiance pour tous les contrats importants. Anderson savait rester calme dans toutes les situations et mener des négociations fermes, sans s’énerver. C’est ce qui se passa ce matin-là. Après une bonne discussion de plus d’une heure, Liam et sa cliente arrivèrent sur un terrain d’entente pour le délai de livraison de leur nouvelle compagne publicitaire. Même si c’était vendredi, la journée s’avéra plutôt charger chez New York Agence. Autant du côté de la direction que de celui des employés. Les graphistes étaient débordés, tout comme la révision linguistique et les secrétaires qui ne savaient plus où donner de la tête. C’était pratiquement une journée normale chez NYA.
« Nous ne pouvons pas prendre le contrat d’Oreal sans décaler la compagne publicitaire de Swatch France. » affirma Liam pendant une réunion avec son père et le reste de la direction pour établir leur priorité du prochain mois. Son paternel l’observa quelques secondes et il affirma tout bonnement :
« Nous avons un diner avec les Harrington ce soir. J’ai dit que tu serais présent. » Dans un premier temps, le fils Anderson resta surpris. Son père était connu pour aimer dévier de sujet, mais rarement il le faisait lors de rencontres aussi importantes. Liam se racla la gorge avant de répondre :
« Pas de problème. » Que pouvait-il dire d’autre ? Sans dire que son père gouvernait sa vie, si ce dernier lui parlait d’un dîner d’affaire ou personnel, Liam se devait d’être là sans répliquer. Finalement, le sujet principal de la raconte revint et il fut déterminé que dès lundi, Liam devrait négocier avec l’Oreal pour décaler la fin de leur contrat afin de ne pas les perdre comme client.
Le reste de la journée s’avéra un petit peu plus calme et vers 16h30, Liam se donna l’autorisation de quitter le bureau. Bien sûr, il restait joignable en tout temps, même le week-end dans le cas où l’un de ses départements avait besoin de lui dans un court délai. Ce n’était pas rare que ça arrive et que Liam doive se présenter sur son lieu de travail afin de négocier avec un client ou de régler des problèmes de visuels. Mais pour l’instant, il pouvait se permettre de partir la tête tranquille. Il avait fait tout ce qu’il avait à faire. Il rentra chez lui afin de se doucher et de changer pour rejoindre ses parents sur leur Yacht. Liam était vêtu très propre comme à son habitude. Un pantalon noir ajusté et une chemise bleue claire de marque. Il avait laissé le veston étant donné la chaleur qu’il annonçait. Une fois sur place, il fit la bise à sa mère avant de l’aider à terminer de préparer le repas.
« La jolie Maxyne sera présente. » dit son père en entrant dans la pièce.
« Père nous en avons déjà parlé.. » Un soupir silencieux s’échappa du nez de Liam qui se retint d’ajouter un commentaire sur ce sujet. Maxyne célibataire, Liam célibataire. Leur père essayait à tout prix que ça colle entre eux.
« C’est pour ça que vous avez organisé ce repas ? » demanda le fils Anderson une pointe de reproche dans la voix. Déjà que son père avait un énorme contrôle sur le professionnel de son garçon, Liam aurait espéré être libre au niveau du personnel. Malheureusement, son paternel ne le voyait pas de cet œil et dès qu’il pouvait inviter Maxyne et sa famille, il le faisait. Liam aimait bien Maxyne c’était un fait. Ils avaient passé beaucoup de temps ensemble à Harvard, ils se croisaient régulièrement le matin lorsqu’ils allaient acheter leur café, mais ils étaient uniquement amis.
« Nous le faisons pour ton bien, mais pour le bien de l’entreprise. Il faut que tu te maries Liam. C’est important pour l’image lors des dîners d’affaire.» Liam le savait… Il avait le droit à ce discours à chaque fois. Un chef d’entreprise se devait d’avoir une belle femme, de paraître bien, d’avoir l’air d’avoir une vie personnelle stable. Ça faisait plus professionnel. Liam en était conscient, mais il avait toujours désiré se marier par amour et non par obligation. Bien qu’il était conscient que la première option ne serait pas possible pour lui. Préférant ne rien répondre, l’américain se dirigea à l’extérieur où la famille Harrington arriva au même moment. Un large sourire colgate se dessina instinctivement sur son visage. Liam se dirigea vers eux, il serra la main du père avant de faire la bise à la mère et de terminer par Maxyne.
« Salut toi. Comment vas-tu ? » Sa voix était plus douce avec elle. Elle était son amie après tout, il ressentait moins le besoin de paraître professionnel avec elle. Il se donnait le droit d’être lui-même. Dans un premier temps, il se dirigea à l’écart avec la jeune femme pour pouvoir lui parler loin d’oreilles indiscrètes.
« Je suppose que tes parents t’ont parlé des vraies intentions derrière ce dîner ? » Il roula doucement des yeux avant de rire. Ce n’était pas la première fois qu’ils avaient le droit à ce genre de traitement.