Il était épuisé. Il n'avait qu'une envie c'était rentrer chez lui et se coucher pour oublier cette journée catastrophique et surtout les dernières minutes. Mais non, il se trouvait coincé encore aux urgences pour quelques heures et surtout avec ce client qui avait l'air tellement charmant... C'était dans des moments pareils qu'il se demandait pourquoi il avait choisi ce travail.
« C’est inadmissible de faire attendre vos patients aussi longtemps. Que vous soyez pris ailleurs ou pas n’est pas une raison. Engagez du personnel supplémentaire si vous ne savez pas gérer. »
Il avait choisi son mauvais moment pour être désagréable. C'était tout à fait le genre de patients qu'il ne supportait pas. Il pensait certainement être mieux et valoir mieux que tout le monde. Le genre de personne qui pensait qu'en arrivant aux urgences il méritait d'être pris en charge en premier. Peu lui importait que d'autres personnes souffrent davantage que lui et ait besoin de plus de soins que sa petite personne. Il exigeait d'être soigné en premier et cela quel que soit le mal dont il souffrait. Il était même certain qu'il n'avait pratiquement rien.
Il le désespérait. Non, il avait même envie de rire. Engager du personnel supplémentaire? Avait-il une idée de ce qu'il faisait ici et de qui prenait les décisions? Il n'était qu'un petit interne, même pas encore médecin. Et même son chef de service ne pouvait décider d'engager du personnel en plus. Cette décision appartenait à l'administration de l'hôpital et leur politique n'allait pas vraiment dans le sens d'engager du personnel en plus mais plutôt de supprimer celui déjà existant pour faire des économies.
« Je paye des prix exorbitants pour obtenir des soins, je n’ai pas à attendre aussi longtemps. J’avais autre chose à faire de ma journée ! »
Et la jeune femme qu'il venait de prendre en charge avait certainement des choses aussi à faire de sa journée, sauf qu'elle n'allait plus rien faire, vu qu'elle était morte. C'était légèrement plus grave qu'un petit riche qui allait rater son rendez vous hebdomadaire chez le coiffeur.
Sans un mot, il inspecta la main qu'il lui tendait. Il enfila des gants et après avoir nettoyé la plaie il l'examina.
Ce n'était rien. Il en était certain avant même qu'il montre sa main et c'était confirmé désormais. L'entaille était un peu profonde mais il n'y avait rien de grave. Quelques points et tout serait réglé. Il n'y avait vraiment pas de quoi faire un scandale comme il avait l'air de le faire. Surtout que si il regardait bien son dossier, cela ne faisait pas si longtemps qu'il était là. Il y avait des personnes beaucoup plus malades que lui à qui il arrivait d'attendre plus longtemps.
Il recula en soupirant et retira ses gants avant de les lancer dans la poubelle qui se trouvait non loin de lui.
- Pour l'attente je suis désolé mais je n'y suis pour rien. Je ne suis pas le seul médecin ici à travailler en ce moment mais nous sommes tous débordés. Les urgences ne désemplissent pas et désolé de vous dire ça mais nous soignons en premier les personnes qui en ont le plus besoin. Comme... les urgences vitales qui peuvent décéder dans les minutes qui suivent sans soins appropriés. Et pour augmenter le personnel... parlez en au directeur de l'hôpital plutôt que de prêcher un convaincu qui n'y peut rien.Il sortit son téléphone et composa le numéro de l'infirmière. Il alla avoir besoin de matériel pour suturer son patient et le laisser retourner à ses occupations tellement importantes.
Devant le regard qu'il lui lança, il esquissa un sourire légèrement machiavélique. Après le scandale qu'il avait provoqué et les emmerdements qu'il avait certainement causé aux infirmières il méritait bien qu'il se venge un petit peu.
- J'appelle un collègue chirurgien pour qu'il vienne me donner son avis. Je veux savoir s'il pense comme moi qu'il faut vous amputer...Qu'il ait peur quelques instants ça ne lui ferait pas de mal et au moins ça lui permettait à lui de se changer légèrement les idées. Qu'il comprenne ce qu'était une vraie urgence vitale et à quel point son cas à lui était anodin comparé aux horreurs qu'il voyait régulièrement.
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