(hold me) tallulah.

I'm a new yorker and i walk this path proud !

« quand j'ai envie de rire, oui je ris aux éclats. j'aime celui qui m'aime, est-ce ma faute à moi si ce n'est pas le même que j'aime à chaque fois ? » jacques prévert.

tallulah. tallulah, la voilà. le déluge, la tempête qui ravage vos pensées. tallulah qui aime et ne sait pas aimer. la lionne se faufile à travers le foule toujours plus pressée, les oreilles qui bourdonnent, et les mots que tout le monde oublie raisonnent en boucle dans son esprit. le coeur bat trop vite, le sourire est trop grand, les cheveux roux volent dans la brise légère d'un matin de printemps. tout est si nouveau, tout est si grand. tous ces gens qui ne prennent pas le temps, le temps de vivre, le temps d'aimer , qui hurlent à travers leur téléphone, qui courent après le temps sans même le posséder. ils font peur, ces fantômes, aux yeux vides et au coeur qui n'aime pas. tous ces coeurs battent à l'unisson, au rythme du temps qui passe, des souvenirs qui se froissent, au rythme des mots qu'on crache. les images défilent, comme un film, dans sa tête fatiguée d'entendre cette mélodie se répéter. tallulah ne voit plus, tallulah ne voit pas. tallulah est aveugle de ces gens malheureux. tallulah se souvient. elle se souvient du soleil, grand et beau, qui laisse sur le béton, sali par les pas déposés, danser ses rayons dorés. sur les murs vieux et gris valsent les ombres sombres, et sur le balcon, une fleur désséchée. dehors, des enfants jouent. tallulah reste là. les enfants ne l'aiment pas. t'es bizarre, pas normale. tallulah, casse toi. casse toi, va mourir, on te regrettera pas. dégage on t'a dit, on en veut pas d'tes putains de tours de magie. et tallulah s'en va. tallulah ne pleure pas. maman n'est pas contente, le pantalon est encore sali, maman n'est pas contente, maman crit. la porte claque. seule, si seule. les mains sur les oreilles, les cheveux roux qui volent. seule contre le sol froid, tallulah ne veut plus, ne veut plus entendre les voix. taisez vous, taisez vous, aimez moi. pourquoi vous ne m'aimez pas ? plic, ploc. les perles salées coulent le long des joues pâles. tallulah, on t'aime pas, personne t'aime, ça se voit. même ta mère en a rien à foutre, tu vois pas ? va crever tallulah, on t'aime pas. arrête de croire qu'on est tes potes, t'es rien pour personne, tu l'sais bien. tu crois qu'ton père t'aurait laissée, s'il t'aimait ? en tout cas, mon père à moi aurait jamais fait ça. mais c'est d'famille apparement, tallulah, c'est d'famille d'être con chez toi. les voix ne la lâchent pas. les mots font à chaque fois l'effet de coups d'couteau dans le dos. des bleus au coeur, du vague à l'âme, tallulah est toute seule, si seule. pourquoi on ne m'aime pas, pourquoi, pourquoi. qu'est ce que j'ai fait pour mériter tout ça ? pourquoi ils font si mal, avec leurs mots, les mots qu'on oublie pas ? les mots des gens, les maux du coeur. le coeur qui se brise un peu plus à chaque fois.

tallulah se souvient. les draps blancs contre la peau glacée, le lit est si froid désormais. tallulah sait mais ne veut pas savoir, mais ne veut pas y croire. non, pas encore, pas encore une fois. pourquoi on ne l'aime pas, pourquoi, pourquoi ? les habits de la veille jonchent encore sur le sol, mais le côté droit du lit est vide, encore une fois. et ils finissent toujours par partir, ils finissent toujours par rejoindre les souvenirs. papier froissé au fond d'un tiroir, c'est tout. c'est tout. une tombe de plus dans le coeur de tallulah, encore une cicatrice qui ne guérira pas. cimetière, cimetière de souvenirs, de sourires, de soupirs. le cimetière de ceux qui ne reviendront pas. échappés dans le vent, courant à travers la ville, il est là, ils sont là. dans les regards, dans les visages. ils sont là, gravés dans la pierre, gravés dans le coeur. ils sont là, dans les larmes qui coulent et qui laissent sur les joues des chemins invisibles. mais ils ne la voient pas. ils ne la voient pas, parce que personne ne voit tallulah. tallulah n'est pas là, tallulah, on t'aime pas. dégage, casse toi. et les maux ne disparaissent pas. ils se transforment en blessures invisibles, cicatrices du coeur. prisonnier du passé, coincé dans l'esprit ravagé, le mal ne peut plus s'échapper. oui. tallulah se souvient, se souviendra toujours. se souviendra toujours des mots qui se perdent, des mots qui s'échappent, des mots qui brûlent comme une flamme ardente, qui font froid dans le dos comme la neige en hiver. des mots qui font couler des océans de larmes, et qui gravent dans les yeux un appel au secours.

parmi cette foule, tallulah se souvient. tallulah veut courir, mais le souffle lui manque. tallulah veut faire la peau aux souvenirs. que se passe-t-il, lorsque l'on devient son propre danger ? tout ça parce que les maux ne veulent pas s'effacer, tout ça à cause des mots qu'ils lui ont adressés. tout ça parce que tallulah rit, tallulah aime, tallulah pleure et tallulah tombe, tout ça parce que tallulah est humaine.